Le Noir

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Le Noir
Auteurs : Gérard-Georges Lemaire


Lié indissolublement à l'idée de deuil, de nuit (au propre comme au figuré), de désespoir, de folie, le noir se présente dans notre culture comme une couleur néfaste ou tout du moins avec de tristes connotations. Le combat titanesque du bien et du mal, de Dieu et de Satan, de la lumière et des ténèbres fait qu'on attribue au noir une valeur généralement négative. C'est vrai autant dans la théologie que dans la philosophie (ne parle-t-on pas de philosophie des Lumières ?). Et dans les croyances populaires, le noir n'est jamais bon signe (il faut éviter de croiser un chat noir, etc.). Toutefois, dans ses innombrables acceptions, l'histoire du noir en Occident est beaucoup plus complexe et contrastée. Et c'est cette histoire que ce livre entend raconter dans ses grandes lignes. La dimension symbolique du noir est plus complexe qu'il n'y paraît. Si l'on observe les Ecritures à la lettre, il est associé à la Passion du Christ et à sa mort. Mais si l'on se réfère aux textes des grands mystiques, l'expérience de la nuit introduit à celle de la clarté éblouissante du divin. Et souvent la nuit est le lieu le moment de l'initiation, par exemple dans les rites des francs-maçons. Depuis l'antiquité, la mélancolie est assimilée à la couleur noire : les traités médicaux parlent de " bile noire " pour l'évoquer. Et cette conception perdure, en dépit des progrès de cette science, jusqu'au XIXe siècle. Quoi qu'il en soit, le noir peut avoir d'autres significations. En astronomie, la notion de trou noir, qui continue à intriguer le monde scientifique, part d'une observation concrète pour aboutir à d'hasardeuses spéculations. La question du noir, omniprésente dans la sphère de l'art, occupe une place à part entière dans l'ouvrage. Elle se pose en des termes symboliques, mais aussi " physiques " quand le peintre s'emploie à utiliser le contraste des ombres et des lumières. De simple fond pour le portrait à la fin du Moyen Age (et cet usage subsistera jusqu'au xxe siècle), puis agent des valeurs pour simuler le volume, le noir prend une tout autre dimension lorsque l'ombre et les ténèbres servent à traduire plastiquement la pensée du peintre. Cela est évident chez le Caravage et les caravagesques, chez les ténébristes du XVIIe siècle, chez Rembrandt bien sûr, mais aussi chez Crespi. S'interroger alors sur le noir, c'est s'interroger sur les fondements du dessin, sur les techniques picturales mais aussi sur la construction métaphorique de l'œuvre. L'histoire de l'art moderne montre que des peintres ont considéré le noir comme une fin ultime ou comme le " dernier tableau ". Le suprématisme de Malevitch, le constructivisme de Rodchenko ont eu besoin du noir pour explorer les confins de la peinture. Plus tard, le noir réapparaît comme élément fondamental d'une enquête sur l'espace spécifique de la peinture chez Ad Reinhardt ou comme dernière frontière sémantique de l'art chez Kossuth. Le noir prend une importance cruciale chez Mark Rothko, bien que ce dernier en fasse rarement usage ou chez jean Degottex, chez Pierre Soulages pour qui le noir serait l'expression suprême de la lumière.

Reliure inconnue: 252 pages
Editeur : Fernand Hazan (8 mars 2006)
Collection : Libel. Pas Inst
Langue : Français

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